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Mise à jour : 31 octobre 2011
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Concernant la chirurgie pour les filles - MtF -

Les effectuer sans contraintes et en toute sécurité avec une garantie des résultats que l'on souhaite

Les modifications corporelles

C'est sans doute le sujet le plus difficile à aborder tant il touche à l'intime. Les polémiques incessantes qui agitent les forums transsexuels à propos de la chirurgie génitale confirment d'ailleurs la sensibilité des personnes concernées.

Trans Aide adopte malgré tout sur cette question, comme sur toutes les autres, son attitude habituelle : nous considérons que vous êtes totalement libre de vos choix. La seule chose à laquelle nous nous engageons, c'est vous informer objectivement. Vous dire par exemple que la vaginoplastie1 est une opération complexe que très peu de chirurgiens sont capables d'accomplir – aucun à ce jour en France, à notre connaissance, ne peut atteindre les résultats obtenus ailleurs,2 et très peu en Europe.
Les meilleurs spécialistes de cette opération de haute technicité sont aujourd'hui une vingtaine au maximum sur la planète, installés pour la plupart en Amérique du Nord ou en Thaïlande. Les noms de ces chirurgiens sont fort connus et on signalera que, comme par hasard, presque toutes les MtF françaises responsables d'associations transsexuelles ou transgenres – les mieux informées en la matière – choisissent désormais les maîtres thaï ou nord-américains (comptez, voyage et frais compris, entre 6500€ et 10000€, plus parfois). Pour les autres, mal informées ou en difficultés matérielles, c'est l'attente, le renoncement ou les « abattoirs à Trans » ! 3 (À l'étranger aussi, ne nous leurrons pas, on opère mal !). Ou le choix de la castration.4

Reste – nous le savons – que des transsexuelles opérées en France sont parfois choquées par la franchise de nos propos. Nous en sommes navrées, mais l'intérêt des Trans qui nous font confiance est plus important pour nous que des susceptibilités personnelles ; la vérité sur l'état de la chirurgie française est connue et nous ne pouvons la cacher pour ménager telle ou telle (qui, d'ailleurs, ont fait leur choix en parfaite connaissance de cause et sont donc satisfaites des résultats qu'elles pouvaient en attendre, car il correspond à leur demande).

Précisons donc que la notion de « satisfaction » n'a aucune valeur scientifique. Pour prendre un cas extrême, une transsexuelle peut être sincèrement satisfaite d'avoir vu disparaître un pénis haï au-delà du supportable même si elle a une foufoune assez peu ressemblante à celle d'une femme biologique, n'a pas de clitoris innervé, et sera donc frigide à vie ; c'est en effet ce qu'elle réclamait avant tout, la sexualité la dégoutant et lui rappelant son passé masculin (ce qui est son droit !). À l'inverse, une trangenre qui a choisi la vaginoplastie pour des motifs directement liés à sa sexualité ou – provoquons un peu ! – à l'envie de faire une fascinante expérience de modification corporelle, fera le choix d'une vaginoplastie lui garantissant une capacité orgasmique et une esthétique à scotcher ses amant(e)s bios... La première veut avant tout voir son pénis disparaître, la seconde aurait conservé son pénis si on ne lui avait pas garanti une vaginoplastie réussie. On voit bien que nous sommes ici dans des logiques personnelles totalement opposées ! Apprenons à respecter chacune dans sa vérité. Reste que le rôle de Trans Aide est de rendre compte des faits scientifiques tout en laissant à chacune la liberté de ses choix opératoires...

Loin d'être un simple problème technique, la chirurgie génitale touche en effet à la vision, plus ou moins faussée, que l’on a parfois de son corps et de la manière dont « l’autre » le perçoit... Aborder cette question, pour soi et avec les autres, implique d'avoir fait un vrai travail de réflexion sur son histoire, sa sexualité et ses sentiments les plus intimes. Pour envisager sereinement une vaginoplastie, il faut avoir les idées claires et être particulièrement équilibrée. Sinon, attendez, car vous n'êtes pas prête !

Réfléchir avant un acte chirurgical lourd, qui implique des changements irréversibles, qu’ils soient sociaux ou surtout physiques et psychologiques, n'empêche nullement de procéder assez vite cependant, si vous êtes sûre de faire un choix lucide. Il n'y a pas de règle en la matière. C'est vous seule, en définitive, qui prendrez la décision. Et qui fixerez les délais. Et qui en supporterez éventuellement les conséquences.

[1] Nous parlons bien ici de vaginoplastie, opération qui consiste, à partir de votre propre pénis et de ses terminaisons nerveuses, à vous construire un néo-vagin et un néo-clitoris innervé, permettant l'orgasme. Si tous ces critères ne sont pas réunis, il s'agit de castration chirurgicale, parfois agrémentée d'une chirurgie esthétique, opération assimilable à des soins palliatifs psychiatriques, et non à une véritable vaginoplastie. 

[2] Le ministère de la santé a récemment édicté des critères précis de validation des équipes chirurgicales : à ce jour, les équipes françaises y correspondent-elles, ne serait-ce que par le nombre mensuel d'interventions effectuées ? Les résultats français sont par ailleurs à peu près impossibles à se procurer, les opérées refusant presque toujours de fournir des photos et / ou de montrer à leurs consœurs leur résultat (nous cherchons toujours des photos d'opérations effectuées récemment à Lyon et à Bordeaux : nous nous engageons évidemment à protéger l'anonymat des intéressées) ; les rares résultats français que nous avons vus ces dernières années sur le Net ou en réel sont proprement effrayants... Nous ne pouvons donc pas, à ce jour, conseiller la chirurgie française (outre qu'elle oblige à un suivi psychiatrique d'au moins deux ans).

[3] Les chirurgiens thaïlandais (Suporn, Chettawut), allemands (Spehr, jusqu'à son départ en retraite) ou suisses (Daverio) doivent une partie de leurs revenus aux retouches et réparations des opérations ratées en France (en particulier les problèmes d'urêtre, ratage classique de certains chirurgiens qui continuent à sévir aujourd'hui encore !), parfois aux frais de la Sécurité Sociale qui reconnaît ainsi implicitement l'incompétence des chirurgiens qu'elle... impose pourtant aux Trans pauvres !

[4] C'est ainsi que la plupart des psychiatres français, bien informés de la réalité du niveau technique des équipes « officielles », appellent les opérations effectuées en France... Ce n'est évidemment pas par hasard.