Préambule
« Depuis quelques années, s'est développé un mouvement " transgenre " ou " trans " qui se définit comme n'ayant plus rien à voir avec les transsexuels calmes, bien élevés et cachés, attendant poliment que les juges et les professionnels médicaux libéraux leur donnent le traitement bienfaisant dont ils avaient besoin pour poursuivre leur vie dans l'ombre de la société normale. »
Colette Chiland, Pour la science, décembre 2006
Avertissement : nous avons, pour faciliter la lecture, évoqué les MtF. Mais il suffit d'inverser le processus pour avoir une vision assez précise d'une transition FtM.
Cela fait maintenant beaucoup trop d'années que les Trans subissent une série de discriminations qui se paient au prix fort pour les personnes concernées : souffrances psychiques (en particulier dépressions nerveuses graves, et parfois suicides), vies tristes et solitaires, marginalisation sociale fréquente, prostitution forcée, non respect de la vie privée et du droit au travail, voire perte du droit de vote.
Mais, depuis le début des années 2000, de petits groupes Trans – une poignée d'adhérent(e)s le plus souvent – ont essayé de dépasser le stade de l'entraide discrète et des ateliers maquillage pour critiquer l'attitude répressive de l'État et de ses services. Mais, il faut bien le reconnaître, ces tentatives se sont développées jusqu'ici dans la confusion, avec un discours généralement marqué par la pathologisation. Il n'y a eu, en revanche, aucune réflexion sérieuse sur la diversité des communautés dites « Trans ». Et ces groupes ont finalement renoncé à remettre en cause le système discriminatoire mis en place par l'État ; ils se contentent aujourd'hui de réclamer un protocole psychiatrique « allégé », généralement qualifié dans le jargon médical de « standards de soins ».
Dans le même temps, les organisations parisiennes traditionnelles (ASB, CARITIG, PASTT), qui n'ont jamais tenu compte de la réalité de la trans-identité hors de la capitale, sont entrées en crise face à l'apparition, en province, d'une myriade de petits groupes autonomes, mais pourtant en accord sur l'essentiel. D'où la division accrues des maigres forces organisées.
Pourtant, des signes positifs confirment que les temps changent avec la création, en 2002, du groupe alsacien STS (Support Strasbourg Transgenre), en particulier son site Internet et son repas mensuel. Sans oublier l'apparition d'un tout nouveau mouvement transgenre avec la création, en décembre 2004, de l'association Trans Aide. L'ajout, en 2001, du T de Trans au sigle LGBT (Lesbienne, Gai, Bi, Trans) traduit une évidente convergence d'intérêts entre les Trans et l'ensemble du mouvement LGBT.
À bien observer le fonctionnement de la mouvance Trans, on constate néanmoins la persistance d'affrontements violents 2 qui tournent autour de l'analyse de la trans-identité (façon d'être pour nous, trouble d'identité pour les autres) et donc des rapports avec les psychiatres (groupe au service des discriminations 3 pour nous, suivi psychiatrique indispensable pour les autres). Nous passerons rapidement sur les épiphénomènes.
Reste un constat que chacun, s'il est désireux d'être efficace et soucieux d'unité, peut désormais faire : les forums bruissent surtout de discours pathologisants, et rarement de dialogues sereins sur la façon d'avancer ensemble pour faire respecter nos droits.
Et s'il s'agissait avant tout d'un manque d'ouverture d'esprit et de tolérance ? Et si nous n'écoutions pas assez la parole les uns des autres ? Pour pouvoir dialoguer, puis agir ensemble, il faut d'abord écouter la parole de l'Autre !
Le 31 août 2007,
L'équipe d'animation nationale de Trans Aide
1Trans Aide compte déjà des dizaines d'adhérent(e)s, réparti(e)s sur tout le territoire, dont trois groupes régionaux structurés (Lorraine, Midi-Pyrénées, Région parisienne) et d'autres en cours de construction.
2Qu'on se rassure : les psys se haïssent largement autant entre eux, comme en témoigne la violence des règlements de comptes au sein de cette communauté lors de la sortie du Livre noir de la psychanalyse.
3 Hormis ceux qui demandent avec nous le retrait de la trans-identité de toute classification psychiatrique.
4 La scission de l'Existrans (coordination de divers groupes), en 2006, reste incompréhensible, la plupart des associations transsexuelles réclamant pourtant la même chose : des « standards de soins » !