Écouter la parole des transsexuel(le)s
Si l'on observe l'auto-définition habituelle des transsexuelles, elle s'appuie sur une profonde adhésion au processus de suivi psychiatrique. Il y acceptation et même demande de « soins », malgré une réaction de défense classique : « on n'est pas folles ! ». Mais l'appel au psychiatre est systématique (ce qui est contesté, c'est parfois la façon de faire du psychiatre, non le principe d'une évaluation et d'un suivi psychiatriques).
Les transsexuelles disent généralement être atteintes d'un « syndrome de Benjamin », d'une « maladie », d'un « trouble mystérieux » voire d'un « Trouble d'Identité de Genre » ; elles adhèrent à la définition du transsexualisme donnée par les psychiatres dans le DSM-IV ou la CIM-10 :
Identification intense et persistante à l'autre sexe ou encore d'une « conviction intime, constante et irréversible d'appartenir au sexe opposé » ;
Sentiment persistant d'inconfort par rapport à son sexe ou sentiment d'inadéquation par rapport à l'identité de rôle correspondante ;
L'affection n'est pas concomitante d'une affection responsable d'un phénotype hermaphrodite ;
L'affection est à l'origine d'une souffrance cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres domaines importants.
Une approche centrée sur le corps
L'identification à l'autre sexe s'effectue souvent contre l'évidence biologique. La personne transsexuelle qui affirme « rendez-moi mon vrai corps » considère que son corps d'origine (mâle pour une MtF) n'est pas son « vrai » corps, affirmation qui conforte les psychiatres dans leur analyse des transsexuelles comme atteintes de troubles mentaux...5
La cause de cette « identification délirante » ? Une confusion entre le sexe (biologie) et le genre (rôle). Cette confusion provient de la norme hétéro-patriarcale selon laquelle notre biologie devrait déterminer notre vie, notre personnalité et notre comportement (Freud affirmait : « l'anatomie, c'est le destin »).
Chez une personne dont l'histoire de vie a conduit à une personnalité qui ne correspond pas aux attentes de sa culture compte tenu du sexe, il y a alors apparition d'une dysphorie (décalage douloureux perçu entre genre et sexe, parce que l'on croit que ces deux notions pourtant indépendante devraient être corrélées).
Ne pouvant se libérer de la croyance hétéro-patriarcale pour comprendre que la manière de vivre (le genre) est indépendante de la biologie (sexe : organes génitaux entre autres), les transsexuelles restent enfermées dans une logique de parcours. Leur seule issue est une transition assimilable à des soins palliatifs : modifier le corps pour réduire l'écart ressenti entre leur sexe et leur personnalité (genre) et ainsi réduire la dysphorie. C'est une approche centrée sur le corps plus que sur le travail sur soi.
Les conséquences de cette vision de la transition sont une diminution de la souffrance (parfois) au prix d'un refus du réel qui peut aller jusqu'au délire, délire régulièrement relevé par les psys, telle la croyance d'être une « âme de femme dans un corps d'homme » (déni du passé masculin). Sans oublier la souffrance de ne pas pouvoir être une « femme comme les autres » (ce qu'une Trans, femme à l'histoire particulière, ne sera jamais).
Dans ce que les psychiatres appellent « primaire » ou « transsexualisme authentique », on est bien face à une pathologie mentale, puisqu'il y a souffrance psychique, refus du réel et revendication de la part des intéressées de protocoles psycho-médico-chirurgicaux. Cette pathologie est d'ailleurs généralement reconnue par les intéressées qu'il n'est nul besoin de forcer à consulter puisqu'elles le demandent.
Il est donc légitime que la transition des transsexuelles soit intégralement prise en charge par la sécurité sociale, puisqu'il s'agit de personnes que le traitement peut, sinon soigner (les psys avouent d'ailleurs n'avoir jamais enregistré la moindre guérison, bilan effrayant pour une profession aussi sûre de ses diagnostics !), du moins stabiliser et apaiser. 6
Le 31 août 2007,
L'équipe d'animation nationale de Trans Aide
5 Voir à ce sujet l'abondante littérature psychiatrique. Cliquer pour accéder au lien
6 Sauf « équipes officielles » et psychiatres, endocrinologues et chirurgiens incompétents ou pervers. Les associations de patients transsexuels ont raison de réclamer des comportements respectueux et non pervers des soignants, revendication que Trans Aide soutient.