Transgenres en lutte
Fières, libres, publiques !
Longtemps, les Trans1 se sont lamenté(e)s : on ne nous écoute pas, on ne nous comprend pas, on déforme notre réalité…
Pour exister, il faut prendre la parole. Pour être compris(e), il faut parler clair ! Pour que notre réalité soit connue, il faut la montrer ! Pour que les personnes Trans soient comprises, connues, acceptées, il faut qu'elles soient visibles au milieu de leurs concitoyen(ne)s, en toute simplicité… Car la France change. Et pas toujours en mal !
L'heure n'est donc plus à tolérer en silence des discriminations inacceptables, dans la vie quotidienne et au travail, mais à l'exigence d'égalité ! Alors, nous allons désormais nous adresser au gouvernement (qui fonctionne grâce aux impôts que nous acquittons !) et aux députés (pour qui nous votons !) pour exiger que les institutions françaises cessent de discriminer les Trans et de les pousser à l'exclusion, au chômage, au désespoir, au suicide parfois, en particulier les jeunes !
Une véritable maltraitance institutionnelle…
En effet, la maltraitance institutionnelle infligée aux trans (avec l'appui des secteurs transphobes de la médecine française) est le probème majeur, pour ne pas dire le seul, véritablement posé par la trans-identité… La souffrance (réelle) des Trans est une souffrance sociale et non individuelle, une souffrance intense délibérément infligée, de façon organisée et centralisée, par des structures et des catégories précises. Ce n'est pas une souffrance produite par la trans-identité elle-même : une personne Trans peut fort bien se vivre dans l'épanouissement total comme en témoignent de plus en plus des nôtres !
La plupart de nos concitoyens sont incrédules, sidérés puis révoltés quand ils découvrent – parce qu'un(e) de leurs ami(e)s leur a révélé sa trans-identité – le sort indigne qui nous est fait aujourd'hui encore par le « pays des Droits de l'Homme » !
Certes, la transphobie prend quelquefois le visage de la haine ordinaire lorsqu'une personne Trans est moquée, insultée, agressée dans l'espace public. Mais en France, c'est assez exceptionnel. Mais la transphobie d'aujourd'hui, celle qui rend la vie des Trans difficile au quotidien, est autrement dangereuse. Elle est sournoise, incrustée au cœur même de nos institutions. Avoir une identité de genre qui ne concorde pas avec son sexe biologique n'est pas si facile à vivre, surtout avant de s'accepter. Le comble, c'est que les trans sont insulté(e)s et discriminé(e)s par des structures et des professions (les soi-disant « spécialistes » de la trans-identité) dont on attendrait protection et soutien.
Liberté, Égalité, Fraternité, des mots vides de sens ?
Trans, nous sommes, dans notre propre pays, de véritables « sous-êtres » qui n'ont pas droit à la protection de la nouvelle loi contre les discriminations (voir le communiqué à propos de l'attitude de la Halde) ! On en arrive à un pur délire : pour être protégée par la nouvelle loi contre les discriminations, une personne Trans doit se dire gay ou lesbienne (voire les deux : dans notre cas, ambigü, on n'est jamais trop prudent ! Autant cumuler !). En effet, une personne Trans hétérosexuelle n'a, elle, droit à aucune protection contre les discriminations ! Au fou !
Malgré tout, nous ne sommes pas communautaristes, car nous voulons croire, même contre l'évidence, que la République respecte encore sa devise, même quand il s'agit des Trans ! Mais nous sommes une communauté en construction. Qui va désormais, avec l'appui de toute la mouvance LGBT, et de tous les démocrates (dans notre pays, ils sont l'immense majorité), réclamer justice !
Liberté, Égalité, Fraternité, ça doit s'appliquer à toutes et tous, sinon c'est la République qui se meurt !
1 Nous préférons ce terme à celui, plus usuel, de transsexuel(le)s qui a deux inconvénients : jeter la confusion (être Trans est une question identitaire et non liée à la sexualité !) et limiter la question transgenre aux personnes qui engagent un parcours de réassignation (opération comprise ou non).
