La trans-identité à longtemps été cantonnée à la marge du combat militant et des revendications pour l'égalité des droits quelle que soit l'identité de genre de la personne au sein du milieu gay et lesbien français. Les raisons sont multiples, qui vont du retard de la société française et surtout de ses élites à aborder les questions liées à l'homosexualité et à l'identité de genre et une volonté des personnes Trans de ne pas être assimilées à une orientation sexuelle. Pour ces raisons, la mise en place d'une vision et d'un discours remettant en cause la pensée essentialiste liant sexe et genre a été longue et difficile.
Ajouter à cela une oppresion impitoyable des personnes trans-identitaires par l'État et ses institutions, tant médicales que juridiques, qui les cantonnaient à une certaine invisibilité dans la société. Tous ces facteurs n'ont pas aidé à la mise en place d'un militantisme Trans fort et en capacité d'avoir un discours audible dans les organisations gays et lesbiennes jusque dans le début des années 1990. On se souvient pourtant que dès les émeutes de Stonewall à New York en 1969, les personnes Trans étaient en pointe dans la lutte aux côtés des gays et lesbiennes, montrant ainsi qu'une unité naturelle dans le combat contre l'homophobie et la transphobie existait.
Même si nous combattons avec force l'arrêt de la Cour de cassation de décembre 1992 fixant les régles de changement de l'état civil pour les personnes transsexuelles (la diversité trans-identitaire, en particulier les personnes transgenres, n'était pas prise en compte par le texte) – stérilisation, psychiatrisation, normalisation hétérosexuelle, il a eu pour conséquence d'avoir permis d'intégrer des personnes trans-identitaires dans la société, leur offrant l'occasion de s'organiser par la suite en mouvement critique de ce système violent et discriminatoire des institutions médico juridiques de notre république.
Cela va faire bentôt 20 ans en décembre 2012 que le changement d'état civil est possible en France, et, durant ces deux décennies, le mouvement trans-identitaire s'est construit, a évolué, s'est diversifié, et l'Association nationale transgenre, à ses début Trans Aide, en est sans conteste le fruit, poursuivant les efforts de lisibilité de nos prédécesseur(e)s, pour aboutir à notre discours tenu depuis près de 6 ans, la liberté totale d'assumer son genre avec pour corollaire le changement d'état civil libre et gratuit.
Le discours et les revendications de l'Association nationale transgenre, portant principalement sur l'égalité des droits, a rapidement convergé vers celui du mouvement gay et lesbien, car si l'État stérilise la population trans-identitaire (transsexuelles, transgenres, intersexués) et les empêche de rester mariés (divorce encore éxigé par la justice française pour un changement d'état civil en 2011), c'est bien pour ne pas se trouver en situation de reconnaitre le mariage et la parentalité au sein d'un couple homosexuel (gay ou lesbien). Voilà de quoi nous unir !
Des discriminations similaires ayant des origines identiques : la famille hétéropatriarcale et la population hétérosexuelle érigées comme supérieure, avec leurs élites s'octroyant le droit de refuser l'égalité des droits à la population LGBT ( pourtant plusieurs millions de personnes en France).
Pour toutes ces raisons, nous travaillons ensemble avec les organisations gays et lesbiennes pour conquérir nos droits, pour une réelle égalité au sein de la République. Nous sommes impliqués dans la Fédération LGBT dont nous sommes membre. Implantés au sein des centres LGBT lorsqu'un groupe régional se forme, et membre titulaire du Collectif d'organisation de la Marche des Fiertés Lorraine, nous sommes présentes pour apporter notre soutien aux revendications de nos ami(e)s bi gays et lesbiennes, gage d'un engagement fort pour être unis face à l'homophobie et la transphobie. A leur côté, nous travaillons aussi pour une meilleur reconnaissance des victimes de la déportation pour motif d'homosexualité organisé par le régime nazi.
C'est ensemble et unis que nous obtiendrons l'égalité des droits, droit au mariage, droit à la parentalité, droit au don du sang, droit du changement d'état civil libre et gratuit, pour ne citer que les axes principaux.