La psychiatre Colette Chiland s'estime « diffamée »...
Un responsable d'Act Up Paris en procès.
Condamné le 28 juin 2007 pour diffamation envers une psychiatre, madame Colette Chiland, Jérôme Martin – président d’Act Up Paris à l’époque des faits – a fait appel de cette décision. L’audience a eu lieu le 28 février, à Paris.
Certes, le 1er jugement du tribunal était relativement mesuré : 500 euros d’amende, mais avec sursis, et un euro symbolique de dommages et intérêts, c’est très peu dans une telle affaire. Malgré la violence verbale indéniable du tract d’Act Up Paris (à l'image de la violence morale des propos habituels de la psychiatre à l'égard des personnes Trans) et les circonstances de sa diffusion – non sur son lieu de travail, mais au domicile personnel de la psy –, les attendus du jugement sont forts intéressants. Car ce n’est pas le terme de « haine » qu’Act Up Paris avait employé à l’égard de la psychiatre qui est retenu contre l’association, mais l’affirmation un peu imprudente, car invérifiable, selon laquelle madame Chiland aurait « détruit la vie de milliers de Trans et homos »...
Rappelons que, dans de semblables affaires, les tribunaux retiennent souvent ce qu’on appelle en la matière « l’excuse de provocation » (le thème de l’arroseur arrosé, en quelque sorte). Auteur d’un Que sais-je ? qui accumule les idées fausses, les poncifs et les préjugés, madame Chiland continue à tenir des propos irrespectueux à l’égard de nos communautés (cf. notre site). Dans ces conditions, il ne faut donc pas s’étonner qu'une transphobe s’expose à la critique publique d'associations LGBT.
Act Up Paris a certes, en matière de trans-identité, une attitude pour le moins ambiguë : dans un communiqué du 21 novembre 2006, l’association activiste gay a en effet déclaré : « Il est urgent que la France […] suive l’exemple d’autres pays européens comme l’Espagne ». Or, pour obtenir un changement d'identité, les Trans espagnol(e)s doivent encore se soumettre à un pseudo « diagnostic médical de “ trouble de l’identité sexuelle ”, et l’attestation que la personne a fait l’objet d’un traitement hormonal, sous suivi médical, pendant une durée minimum de deux ans ». Ce qui est, finalement, assez proche de la logique de parcours sous contrôle psychiatrique que prône madame Chiland…
Ces contradictions d’Act Up Paris, qui brouillent à l’évidence son message, n’empêchent nullement Trans Aide d’apporter sa solidarité à l’association gay dans le procès qui l’oppose à une transphobe notoire.
Les propos d’Act Up Paris, même légèrement excessifs, ne justifient à l'évidence pas une condamnation individuelle et le casier judiciaire qu’elle implique pour un militant associatif. Trans Aide demande donc la relaxe pure et simple de Jérôme Martin.
Trans Aide mars 2008