Comprendre les enjeux

Trans’ quoi ? Transgenre !

Drapeau transgenre
Crédit photo : Association Nationale Transgenre

Comprendre les enjeux et le poids des mots pour mieux agir contre les stéréotypes et la transphobie.

Le trio Sexe – Genre – Préférence sexuelle

Ces trois notions font partie intégrante de la personnalité de chacun et chacune. Et, contrairement aux idées reçues, elles sont totalement indépendantes l’une de l’autre !

En effet, le sexe, contre toute attente, concept défini arbitrairement reposant sur un choix arbitraire de caractéristiques biologiques, est utilisé pour définir de manière exclusive uniquement deux catégories : les sexes mâle et femelle.

Cette vision normée et binaire ne décrit pas vraiment une réalité beaucoup plus complexe des caractéristiques biologiques. Elle fait fi des variations gonadiques, hormonales, chromosomiques des individus et exclue les personnes intersexes comme une simple variation du vivant.

Si il est possible de modifier certains caractères secondaires de la physiologie humaine (poitrine, organes génitaux externes par exemples), il est illusoire de croire que l’on peut changer de « sexe biologique ». Enfin, même si on peut rencontrer ces expressions dans certaines littératures, il n’existe pas de « mauvais corps » ou de « bon corps », concept pathologisant et essentialiste voulant lier un genre avec un stéréotype corporel.

Le genre est en fait une construction essentiellement sociale par rapport à des repères fixés et imposés arbitrairement par la société au regard d’une prétendue binarité des sexes. Fruit d’une culture, variant en fonction de la géographie et des époques, les catégorisations de genre au sein des sociétés diffèrent. Le genre n’a donc pas de liens biologiques avec le sexe. Il existe une multiplicité de genres, en fait autant que d’êtres humains. Le lien entre sexe et genre est un lien imaginaire créé pour hiérarchiser les êtres humains !

Enfin, à propos de l’orientation sexuelle, celle-ci ne dépend que des attirances sexuelles et affectives d’une personne pour autrui. Cette orientation peut être liée ou pas à une procréation. Le fait de lier systématiquement reproduction et sexualité est aussi tout à fait arbitraire. La préférence sexuelle peut aussi varier au cours du temps.

Binarité et stéréotypes

Photo toilettes binarité de genre
Crédit photo : Fotolia

Depuis plusieurs siècles, nos sociétés ont mis en place un ordre hétéro-patriarcal, évoluant et se perpétuant pour tenter de s’imposer comme un « ordre naturel » : une femme de « sexe femelle » ne peut aimer qu’un homme de « sexe masculin », et vice versa. Reposant sur une hétérosexualité soit disant naturelle et omnipotente, cette organisation sexiste, homophobe et transphobe par essence, est dite binaire. En conséquences, le fait de rompre avec cette rigidité sexe-genre-orientation sexuelle revient à remettre en cause cette binarité. Il existe donc ainsi une multitude de degrés de « non-binarité » et de manières de l’exprimer. Ici il n’est pas question d’opposer binarité et non binarité mais bien de remettre en cause l’obligation de binarité structurant nos sociétés et les violences et discriminations qui en sont les conséquences.

Genre et identité de genre

Précisons un peu plus cette notion d’identité de genre. De manière globale, c’est une identité psycho-sociale arbitrairement sexuée par la société.

C’est aussi compris dans l’acception d’un rôle social, caractérisé par exemple de masculin ou féminin, et l’identification à la classe d’individus qui jouent ce rôle.
Le genre résulte donc de stéréotypes culturels qui définissent les comportements dit « masculins » et « féminins », comme les importantes évolutions de ces rôles genrés l’ont montré tout au long de l’histoire humaine.

Le genre n’est pas nécessairement en correspondance avec le sexe au regard des stéréotypes et attentes culturelles : une personne définie par la société comme de sexe femelle peut très bien s’identifier plus ou moins à un autre rôle, s’exprimer et se déterminer plus ou moins de genre « masculin » ou de genre plus neutre (« non binaire »), et inversement pour les personnes définies de sexe mâle.

Les genres « homme » ou « femme » ne sont donc que des conventions culturelles réductrices pour étiqueter un ensemble complexe de traits de personnalité. Chaque être humain a en lui, à la fois, des traits de personnalité jugés féminins et des traits jugés masculins, qu’il ressent et/ou qu’il exprime. Il existe donc beaucoup plus que deux genres dans l’humanité.

Le genre est auto-déclaratif : seule la personne concernée peut définir son identité de genre et la manière de l’exprimer.

Sexe et identité sexuelle

Photo de personnes transgenres
Crédit photo : Fotolia

Ces notions de sexe relèvent d’un ensemble de caractéristiques anatomiques et fonctionnelles arbitrairement utilisées pour scinder certaines espèces animales, dont l’espèce humaine, en deux catégories : les mâles et les femelles.

Dans certains cas, ces caractéristiques ne rentrent pas dans cette norme médicale des sexes fixée arbitrairement, on parle alors d’intersexuation. Contrairement à ce qu’affirment certains dogmes « scientifiques », il existe plus de deux « sexes » dans l’espèce humaine, le tout dépendant des caractéristiques biologiques choisies pour le définir.

Cette importance disproportionnée donnée à la notion de sexe, avec son corollaire l’identité sexuelle (niant de fait l’identité de genre) permet de soutenir l’idéologie de l’hétéro-patriarcat, donc de valoriser la reproduction sexuée, les liens du sang et faire peser le poids de cette reproduction sur les individus classés « femelles ».
Souvent d’inspiration religieuse et non laïque, selon laquelle la reproduction de l’espèce est ce qui prime avant toute chose (y compris sur l’aspiration des individus à la liberté et à l’autonomie), ce parti pris a longtemps amené beaucoup d’hommes mâles à s’opposer au droit à la contraception et à l’IVG.

Personnes transgenres : la liberté de vivre son identité de genre

C’est une personne désirant vivre une identité de genre différente de celle qui lui a été assignée par l’État à la naissance au vu de ses organes génitaux.

Est transgenre toute personne qui ne s’identifie pas complètement au rôle social culturellement assigné à son sexe, sans se croire pour autant atteinte d’un « trouble » ou d’un «  syndrome », et qui se libère de toute croyance en des rôles sexués « naturels » et intangibles.

my body my choice
Crédit photo : Fotolia

Il y a de multiples façons d’être transgenre : s’habiller, régulièrement ou non, comme le sexe opposé (encore que ces notions ont beaucoup évolué ces dernières années !), modifier ou non son corps (par des traitements hormonaux ou diverses chirurgies)… Être transgenre ne se joue pas nécessairement, prioritairement ou exclusivement sur le terrain du corps. Il s’agit avant tout de vivre en se libérant de l’ hétéro-patriarcat. Plus simplement : vivre librement !

Chez les personnes transgenres la transition consiste pour l’essentiel à éliminer tout amalgame entre sexe et genre. Lorsqu’elles modifient leur corps, les personnes transgenres sont motivées par une volonté d’intégration sociale face au poids des stéréotypes.

 Transsexuel⋅le⋅s : l’origine de la transphobie d’État

Comme son nom l’indique, c’est une personne atteinte de « transsexualisme ». Selon la nosographie psychiatrique, il s’agirait d’une « identification intense et persistante à l’autre sexe » ou encore d’une « conviction intime, constante et irréversible d’appartenir au sexe opposé », croyance généralement liée à un rejet total de ses organes génitaux d’origine.

Cette catégorie de personnes a été créée par la psychiatrie dans le but : de réprimer les personnes voulant vivre leur identité de genre librement, de stériliser celles et ceux qui voulaient accéder au changement de la mention de sexe à l’état civil. Si en France la médecine et la psychiatrie utilisent de moins en moins ce terme stigmatisant, leurs desseins sont toujours les mêmes en parlant de souffrance, de mauvais corps, de « syndrome » et de « dysphorie ». Tout cela va bien évidement à l’encontre du bien être des personnes transgenres et relève de la transphobie médicale et institutionnelle.

Normalement, en 2020, le transsexualisme n’existera plus en tant que tel dans la nomenclature internationale des maladies (CIM 11), et la diversité de genre sera classifiée au chapitre des maladies sexuelles, et plus en tant que maladie mentale. Cependant, ce ne sera sûrement pas la fin des maltraitances médicales et violences et discriminations en France…

Les personnes intersexes

Drapeau intersexe

C’est une personne dont les caractéristiques sexuelles, qu’elles soient biologiques ou génétiques, ne correspondent pas à la norme médicale binaire mâle-femelle imposée pour définir le sexe de la personne.

On estime que le nombre de naissances présentant des caractères intersexes se situe entre 1 et 2 %. Généralement, cette caractéristique n’engage pas la vie de l’enfant mais au nom de la norme hétéro-patriarcale que l’État impose, même contre l’évidence biologique, la médecine assigne chirurgicalement les nouveaux nés et jeunes enfants comme mâles ou femelles et sont déclarés ainsi à l’état civil. Et c’est en parfaite connaissance de cause, fidèles serviteurs de l’État, que psychiatres et chirurgiens appellent à mutiler sans états d’âme des enfants sans défense. En Allemagne, sur plainte d’une personnes intersexe ayant engagé une procédure judiciaire à sa majorité, un chirurgien a été lourdement été condamné au civil par la justice pour mutilation.