Hormones et chirurgies
Ici ne seront évoqués que les points clés informatifs utiles concernant les hormones et les chirurgies. Il ne sera pas question de dicter le chemin obligatoire à suivre pour y trouver la réussite d’une « transition ». L’aboutissement pour chaque personne transgenre peut prendre des formes différentes, des objectifs différents. Ce qui peut convenir pour l’un.e peut ne pas convenir à l’autre.
Vous avez pris votre décision de suivre un traitement hormonal pour vivre votre identité de genre ?
En premier lieu, rapprochez-vous des structures LGBTI+ afin de rechercher des informations, avoir un accueil personnalisé en fonction de votre situation, rencontrer des personnes transgenres et leur diversité. Les associations vous feront bénéficier de leurs expériences, de leurs réseaux, sans oublier la possibilité de tisser du lien social.
Retrouvez les dates de nos prochaines permanences mensuelles dans l’agenda.
Il est des plus utile de se confronter à une future réalité vécue par d’autres personnes, réalité souvent omise à travers les réseaux sociaux : il n’y a pas de « parcours » miracle et standardisé pour toute la communauté transgenre. Les ressentis des personnes vis-à-vis de leurs identités de genre et de leurs corps peuvent aller d’un extrême à l’autre.
Les hormones, aussi puissantes soient-elles n’agissent pas sur tout le corps mais uniquement sur certains caractères sexués secondaires. De plus les parties du corps concernées varient en fonction du type de traitement, masculinisant ou féminisant.
Pour les traitements féminisant
Le THS n’a aucun effet :
- sur les os et donc la taille de la personne.
- la repousse des cheveux
- la voix et sa tessiture
Le THS agit sur :
- les poils du corps en les affinant mais sans les faire disparaître
- la poitrine avec la pousse des seins
- la répartition des graisses sur le corps
- la production des gamètes sans rendre néanmoins stérile
Pour les traitements masculinisant
Le THS n’a aucun effet :
- la contraception : Attention, le TSH masculinisant n'est pas un moyen de contraception, et il semble bon de rappeler que malgré l'arrêt des menstruations, il demeure nécessaire de se protéger si une grossesse n'est pas envisagée.
- la pousse d’un pénis
- la destruction des glandes mammaires. Une opération demeure nécessaire si vous souhaitez ne plus avoir de glandes mammaires.
Le THS agit sur :
- la voix et sa tessiture
- la pousse des poils, visage et corps
- la taille et les os : cela dépend toutefois à quel âge le THS est commencé.
- 1er cas - S’il est pris avant la première puberté F, alors le THS peut agir sur la taille et les os.
- 2ème cas - Si le THS est commencé après que la croissance des os soit terminée, la testostérone peut tout de même avoir une influence sur la structure osseuse en terme d’épaisseur. Cela explique pourquoi la forme des mains peut changer et pourquoi il est possible de prendre une pointure même après avoir fini sa croissance.
- agrandissement du clitoris
- changement de la texture de la peau, elle peut devenir plus grasse/épaisse.
- redistribution des graisses, celle-ci étant moins stockée dans les cuisses, les fesses
la poitrine et se concentre plus sur la ceinture abdominale. La répartition des graisses du visage évolue également.
- prise de masse musculaire, la prise de muscle est de fait facilitée par la testostérone.
- possible augmentation de la libido qui peut se stabiliser après un certain temps de THS
- possible activation de gènes familiaux (calvitie, perte ou changement de densité capillaire)
- poussée d’acné
- possible développement de la pomme d’Adam
- augmentation de la tension artérielle
- l’arrêt des règles : Après quelques mois (la durée varie selon le dosage et le corps de chacun.e), les menstruations peuvent s'arrêter. Chez certain.e.s cela arrive progressivement, pour d'autres la disparition des règles se fait en une fois. Il est également possible qu'après plusieurs mois d'interruptions, de petites pertes réapparaissent. En cas de doute, n'hésitez pas à en faire part à un médecin ou à votre endocrinologue, qui saura vous rassurer ou ajuster le THS si celui-ci est en cause.
- le changement de métabolisme peut augmenter l'appétit.
- possibles sautes d’humeurs en début de traitement, et une difficulté d’endormissement peut s'en suivre les jours suivants la prise du TSH avec des sensations d’énergie accrue.
Il est nécessaire de rappeler que la prise d’un THS a toutefois ses limites. Elle agira en fonction de votre dosage, votre prédisposition à la réception des molécules hormonales, votre patrimoine génétique… Tout les effets hormonaux ne se font pas ressentir de la même manière chez chaque personne. Pour exemple : la voix et/ou la pilosité de chacun.e évolue à son rythme et selon ses dispositions.
En raison des nombreux THS existant, il est important de lire les notices explicatives des produits que vous souhaitez prendre, de vous informer auprès des associations et de leurs responsables et enfin vous référer à un professionnel de santé compétant pour plus d’informations sur celui-ci.
On vous conseille plutôt en premier lieu d'aller voir un.e généraliste, votre médecin traitant par exemple. Annoncez-lui votre décision et lui demandez-lui de vous accompagner en assurant votre suivi de santé.
IMPORTANT : Quel que soit le produit utilisé pour le traitement hormonal, un suivi médical doit être réalisé, avec en premier lieu un bilan de santé.
Il se peut que le médecin refuse de vous suivre et vous renvoie vers des endocrinologues et psychiatres, même si cela ne vous convient pas. Il peut s'agir d'ignorance (le rôle du THS dans une transition ne figure pas actuellement dans les formations médicales), de rejet moralisateur (il y a des médecins sexistes, homophobes ou anti-IVG, il y en a aussi qui sont transphobes !) ou, pire, il vous considère comme une personne malade mentale et vous envoie directement chez le psychiatre et les équipes hospitalières psychiatrisantes. Il peut aussi "botter en touche" comme on dit et vous renvoyer chez un endocrinologue en sachant que ces « spécialistes », en général ignorant du sujet, exigent au minimum un suivi psychiatrique.
Nous ne le répéterons jamais assez, le passage par des équipes hospitalières dans les faits peu compétentes (et surtout maltraitantes) ou des suivis psychiatriques ne sont pas obligatoires pour la plupart des actes de santé liés à la transidentité. Cela que vous soyez des personnes transgenres de genre masculin ou féminin, mineures ou majeures.
Nous savons parfaitement qu’un généraliste peut prescrire librement des hormones pour les personnes transgenres féminines. Cependant il est plus compliqué pour ces médecins de prescrire de la testostérone, molécule beaucoup plus réglementée. Mais il est parfaitement envisageable qu’un praticien, généraliste, voire endocrinologue, accepte de prendre en charge les THS pour les personnes trans-masculines sans passer par des suivis psychiatriques et autres équipes pluridisciplinaires.
Lorsque vous serez devant un.e de ces médecins compétent.es (n'ayez pas de craintes : beaucoup de généralistes le sont), soyez clair.e. Vous n'êtes pas malade mental ? Alors, inutile de pathologiser votre discours ! Appuyez-vous sur les informations fiables reçues d’une association que vous fréquentez. Cela rassure le docteur en face de vous et lui permet de voir que vous vous êtes renseigné.e sérieusement avant !
Demandez-lui de vous faire un bilan complet afin de vérifier votre état de santé, démarche préalable à tout THS serein. Prenez un autre rendez-vous une fois que vous aurez reçu les résultats de vos analyses.
Vous avez vos résultats
Résultats en poche, se pose alors le problème suivant : quels produits/hormones mon médecin va-t-il me prescrire ? Est-il bien informé ? Le risque existe en effet, même s'il est de bonne foi, qu'il cherche à s'informer auprès des soi-disant « spécialistes » et vous prescrive un traitement qui ne convient pas à vos attentes.
Conserver ses gamètes ou non ?
Ici se pose la question de votre fertilité, pouvoir la conserver ou non. Mais aussi de votre rapport à votre corps (stéréotypes corporels, rejet de votre sexualité, etc), de votre sexualité. En fonction de vos attentes divers produits sont disponibles, plus ou moins dangereux.
IMPORTANT : Le discours de certains médecins parlant de "supprimer" les hormones de naissance avant de prescrire un THS est DANGEREUX ! Il ne relève d'aucune étude médicale et n'est qu'une théorie médicale binaire et stéréotypée (voire sexiste, rendez-vous compte une femme avec un taux de testostérone significatif !). Ce genre de discours amène aujourd'hui les sportives à subir des tests de féminité.
Parlez plutôt à votre médecin des produits hormonaux utilisés pour le THS des femmes ménopausées. Bien connu, validé par de nombreuses études incontestées (E3N, 2004, MGEN, 100 000 femmes suivies), toléré et sans effets néfastes majeurs pour la santé. C'est ce même type de THS qui permet une transition sereine et sans effets secondaires dangereux pour la santé et l'équilibre psychologique, tout en préservant la libido.
Par exemple, la base d'un tel THS pourrait être : des œstrogènes par voie cutanée, la progestérone naturelle et, s'il y a lieu (perte de cheveux) de la Finastéride.
Pourquoi des œstrogènes par voie cutanée ?
Pour éviter de saturer le foie et de prendre des risques graves pour votre santé. Le THS idéal utilise de l'Estreva gel (ou Œstrogel). Le dosage initial (le temps que votre corps s'habitue) est en général 1,5 mg / jour. Si vous tolérez bien ce dosage (sauf exception), vous pourrez augmenter jusqu'à 3mg par jour mais pas au-delà, c'est inutile. En général, 2 mg suffisent. Cela ne sert à rien de bousculer votre corps : vous risquez juste de nuire à votre santé.
Pourquoi de la progestérone naturelle ?
Le dosage habituel est de 100 mg / jour (parfois, on peut aller jusqu'à 200 mg / jour). Ce produit favorise une meilleure répartition des graisses et un développement des seins avec une forme plus harmonieuse. Il permet aussi de réduire les états dépressifs fréquents dûs aux changements des taux hormonaux dans votre corps. (C'est la testostérone qui vous protégeait auparavant de la dépression). La légende urbaine selon laquelle la progestérone donnerait automatiquement de petits seins est sans fondement médical. En plus il est possible de se servir de la Progestérone avec un dosage plus fort (400 mg) pour réduire plus significativement le taux de testostérone en tant qu'anti-androgène pour les filles qui le désirent.
Est-ce nécessaire d'ajouter de la Finastéride ?
Ce n'est pas indispensable. On fait une transition bien plus réussie sans anti-androgènes. Cependant, on peut, si on le souhaite, ajouter cet anti-androgène léger, en particulier en cas de chute de cheveux. Ce traitement la stoppe et aide à la repousse si les racines sont encore actives. Le dosage habituel est de 1 mg / jour. On peut utiliser le Chibro-proscar (dosé à 5 mg / jour, on le coupe en quatre pour obtenir une dose d'environ 1 mg / jour) ou, au pire, le Propecia (en vente libre mais très cher).
En cours de rédaction
Un bloqueur hormonal (ou inhibiteur hormonal) est une molécule qui permet chez les enfants de retarder l'apparition des caractères sexuels secondaires (mue de la voix, poitrine, pilosité, cycle menstruel, etc.).
Pour information, il est généralement observé que la puberté débute entre 11 et 13 ans chez les personnes de sexe femelles et entre 13 et 15 ans chez les personnes de sexe dit mâle. Ce qui par conséquent donne à peu près l'âge où il serait utile de délivrer un tel traitement à un enfant transgenre à sa demande.
Ce traitement est aussi important pour un enfant transgenre en questionnement afin qu'iel puisse, si son choix n'est pas déjà fait, d'expérimenter son identité de genre et développer la sienne sans contraintes.
Le début de traitement pour bloquer la puberté ne doit pas être soumis à des interférences décisionnaires de médecins ou (pédo)psychiatres d'équipes pluridisciplinaires. Ces équipes n'ayant qu'un seul but : normaliser l'enfant pour qu'il aille jusqu'à une opération génitale stérilisante. Légalement par contre, la famille a son mot à dire. A ce titre il est donc important que les parents soient bien informés par les associations transgenres.
Le traitement hormonal de l'enfant doit être discuté sans tabous avec lui à propos de ses conséquences à long terme. Les risques de perte de fertilité, mais aussi de sa réversibilité à court et moyen terme devront aussi être abordés.
Aujourd'hui, tous les professionnels de santé sont informés des risques des THS qu'ils prescrivent. En particulier l'acétate de cyprotérone (Androcur®). Si vous choisissez une équipe « officielle », ou un.e psychiatre indépendant.e (qui est juste membre d'une école rivale !), vous n'aurez aucun choix possible : on vous imposera l'acétate de cyprotérone (plus connu sous le nom d'Androcur ®).
Utilisé dans le traitement des cancers de la prostate, l'acétate de cyprotérone est aussi destiné à castrer chimiquement les déviants sexuels (violeurs et autres pédophiles). Comme le précise, en 2005, le rapport d'évaluation de l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) qui évoque des études portant sur « 110 patients délinquants ou déviants sexuels traités à des doses de 50 à 200 mg par jour pendant une durée de 4 à 50 mois. »
L'AFSSAPS poursuit : « Dans 80% des cas, la dose de 100 mg par jour de CPA a réduit les pulsions sexuelles de façon satisfaisante, en agissant d'abord sur la libido, puis sur les érections et l'orgasme. Dans 20% des cas, une dose de 200mg/jour a été nécessaire. »
De plus, l'acétate de cyprotérone a de très nombreux effets secondaires. L'AFSSAPS évoque ainsi « des cas de dyspnée, accidents thrombo-emboliques, et ostéoporose. » Dans "Dysphories de genres et transsexualisme. Aspects psychiatriques" (Bourgeois et Alii, 1990), les auteurs précisent, en référence à une étude connue de tous les professionnels, portant sur 303 MtF (Male to Female), que la prescription combinée acétate de cyprotérone (100 mg) + éthinyloestradiol donnent :
- cinq fois plus de décès que dans une population de référence ;
- 45 fois plus d'accidents thrombo-emboliques ;
- 400 fois plus d'hyperprolactinémie ;
- 15 fois plus de troubles de l'humeur.
Sans parler d'une élévation transitoire des enzymes hépatiques.
Dans "Le syndrome de transsexualisme : aspects cliniques et perspectives thérapeutiques" (1997), les six signataires de l'article – dont Thierry Gallarda et Bernard Cordier, psychiatres de l'équipe « officielle » de Paris et précurseurs de la Société Française d’Études et de prise en Charge de la Transidentité (SOFECT) – confirment que le traitement combiné acétate de cyprotérone (Androcur ®) et œstrogènes est susceptible d'entraîner « des accidents thrombo-emboliques, une hyper-tension artérielle, une hyperprolactinémie, et une élévation transitoire des enzymes hépatiques. »
Quel produit croyez-vous que leur équipe impose toujours aux MtF qui se remettent entre leurs mains ? Vous avez deviné : c'est l'Androcur ® ! Pourquoi ? À votre avis ?
Cette molécule de synthèse est désormais en ligne de mire de l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé. (lien vers la lettre de l'ANSM de septembre 2018)...
Évitez aussi les œstrogènes de synthèse et / ou administrés par voie orale. Idem pour la progestérone de synthèse. Ce sont des molécules ayant des effets secondaires néfastes.
Après six mois de THS, votre médecin vous fera un nouveau bilan de santé, afin d'évaluer les effets du traitement. Si vous êtes en bonne santé vous pourrez éventuellement augmenter un peu les doses. Rassurez-vous, avec des produits bien dosés, en évitant de fumer, trop boire ou manger trop déséquilibré, c'est généralement le cas !
En général 2 mg et jamais plus de 3 mg d’œstrogènes par jour. Et xxx de testostérone par xxx suffisent. Surtout n'en prenez pas plus, cela présente des risques pour votre santé. Et votre transition physique n'ira pas plus vite. Une transition harmonieuse se fait lorsque l'on respecte son corps !
N'oubliez jamais une évidence : même si l'on désire modifier son corps, il ne faut pas le rejeter. Il faut le ménager, on en a besoin et pour longtemps ! Ayez une bonne hygiène de vie et limitez tout excès (alcool, tabac, drogues). Les hormones sont puissantes, même si on trouve que cela ne va pas assez vite à notre goût ! Il faut être patient.e (c'est comme une puberté, cela prend plusieurs années avant d'avoir terminé la phase de modification corporelle). Les chocs hormonaux dûs aux traitements dépendent fortement des dosages et de la régularité des prises.
Faites votre parcours avec le sourire, ne négligez pas votre libido, et vous verrez la vie sous un autre angle ! Le désir, le plaisir, cela compte. (Toujours protégé, quels que soient vos goûts et vos pratiques. Voir notre rubrique Sexualité, IST/VIH). Jouir, aimer, cela vous aidera dans les différentes étapes de votre transition.
NOTA : Si votre généraliste connaît mal les processus hormonaux qui vous conviennent, qu'il nous contacte ! Nous lui adresserons un document destiné aux professionnels, et, s'il le souhaite, nous le mettrons en contact avec des généralistes habitués à suivre des personnes transgenres.
Les modifications corporelles chirurgicales : si on veut et dans les meilleures conditions !
C’est sans doute le sujet le plus difficile à aborder tant il touche à l’intime.
L’Association Nationale Transgenre adopte malgré tout sur cette question, comme sur toutes les autres, son attitude habituelle : nous considérons que vous êtes totalement libre de vos choix. La seule chose à laquelle nous nous engageons, c’est à vous informer objectivement. Nous ne ferons pas de publicité pour tel.le ou tel.le praticien.ne, car les équipes changent ainsi que les modalités d’accessibilité. De plus, les attentes en ce qui concerne les résultats des chirurgies ne sont pas toujours les mêmes pour toustes.
En tout premier lieu, il est important de rappeler que dans sa législation l’État français n’oblige pas les personnes transgenres à subir une quelconque chirurgie ou modification corporelle.
C’était une réalité entre le années 1992 et 2016 à travers l’arrêt de la cour de cassation de décembre 1992 qui réclamait pour toute demande de changement de la mention de sexe à l’état civil la preuve d’une modification corporelle irréversible. En fait une opération génitale menant à une stérilité définitive. Cet arrêt est devenu caduque suite à l’adoption de l’article 56, section 2 bis, de la loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle
Par conséquent, si vous voulez faire une modification corporelle, ce sera pour répondre à votre besoin personnel et/ou une injonction forte des stéréotypes corporels régulant notre société.
Nous ne parlerons pas ici de notions de « performances » dans le changement corporel mais bien de modifications du corps, ou pas, dans le cadre de l’identité de genre.
Les stéréotypes corporels liés au genre que l’on peut constater chaque jour dans notre vie quotidienne n’ont aucun fondement biologique. Ils ne sont que le résultat d’une domination hétéropatriarcale, fondement de notre organisation sociale actuellement. Dans les faits la diversité corporelle est infinie et c’est cet ordre hétéropatriarcal normatif via le médical qui en définit arbitrairement les limites du « normal » et du « non normal » et/ou "pathologique".
Aussi, par exemple, avoir un pénis pour une femme ou un vagin pour un homme est considéré encore actuellement comme « anormal » par la médecine française réactionnaire. Ce n’est en fait ni une vérité biologique ni scientifique que d’affirmer une telle idéologie. Les personnes transgenres et intersexes en sont une preuve flagrante. Le genre n'est pas lié aux organes sexués.
Si nous abordons cette question des stéréotypes corporels ici, c’est tout simplement pour se rappeler les évidences suivantes :
- il est faux d’affirmer qu’il existe une séparation entre les personnes qui font des modifications corporelles et celles qui n’en font pas. C’est un discours transphobe qui a longtemps été utilisé pour mener à bien la stérilisation de la communauté transgenre.
- il n’existe pas de mauvais corps par rapport à un genre donné : les stéréotypes sont sociaux et non biologiques.
- la dysphorie est comme le transsexualisme, ce sont des notions pathologisantes affirmant que la personne a un problème au regard de la norme. Alors que c’est le milieu médical ainsi que les gardiens de l’hétéropatriarcat (notamment les religions) qui ont un problème avec la diversité biologique des êtres humains.
Le mal-être que peut ressentir une personne transgenre vient essentiellement du fait de la stigmatisation et l’obligation de se conformer à une « normalité » binaire corporelle et comportementale (homme/mâle, femme/femelle). Aussi, la réaction de la personne transgenre face à ces stigmatisations et mises en conformités est diverse et peut mener ou pas à des modifications corporelles, ici chirurgicales. On rejoint ici la notion de « passing » corporel.
L’important, avant toute modification corporelle, est de savoir pourquoi on la fait, pour répondre à quel besoin personnel ou sociétal.
Il faut savoir que les personnes cisgenres sont aussi soumises aux mêmes injonctions sociétales concernant leurs corps et leurs comportements ! Iels ne sont pas différent.e.s de nous ! Ces injonctions sont ainsi un terreau fertile pour les chirurgies plastiques.
Enfin, il faut se rappeler qu’un stéréotype n’est, par définition, qu’un horizon inatteignable et que la multiplicité des chirurgies peut mener à un effet inverse pour le « passing » .
Il n’est pas question ici d’opposer les deux types de modification corporelle que sont les traitements hormonaux et les actes chirurgicaux. Elles sont souvent complémentaires.
Néanmoins, dans la plupart des cas, il y a parfois de rares exceptions, les personnes transgenres qui envisagent des modifications corporelles plus avancées via la chirurgie prennent au préalable un traitement hormonal substitutif.
Nous l’avons vu au chapitre dédié aux hormones, un traitement hormonal pour une personne transgenre agit comme une puberté. Des modifications corporelles importantes ont lieu et elles arrivent à leur apogée après plusieurs années, entre deux et quatre ans. Il faut donc en tenir compte si l’on veut faire des opérations chirurgicales, notamment mammaires pour les personnes féminines. Se lancer dans une chirurgie alors que le corps est en pleine "puberté' n'est pas forcément la meilleur chose à faire.
Autre point qu’il faut aborder, ce sont les effets de l’arrêt de la prise d’hormones avant une chirurgie. Beaucoup d’anesthésistes et chirurgiens le demandent pour éviter tout risque opératoire et/ou post-opératoire. Il y a en fait des conséquences importantes, surtout psychologiques qui sont dues à cet arrêt de traitement : déprime, hyperactivité notamment et selon le type d'hormones (œstrogènes ou testostérone).
Il faut y faire attention car cela peut surprendre, surtout l’entourage (la personne concernée souvent ne s’en rend pas compte). Étant donné que l’arrêt du traitement peut être de plusieurs semaines, il est important de savoir qu’il y avoir un risque plus ou moins important de se voir confronté à ce genre de phénomène de « décompensation », c’est à dire avoir un comportement différent de celui que l‘on a habituellement.
Ce type de chirurgie esthétique est le plus souvent effectué par les filles transgenres qui ont commencé à assumer leur identité de genre tardivement. L’empreinte des effets de la testostérone est alors importante sur la constitution osseuse de la personne, notamment au niveau du visage. Cette modification esthétique n’est pas systématique mais peut dans certains cas s’avérer utile pour améliorer un « passing ».
Quand on se lance dans ce type de démarche, il faut faire attention quand à l’image que l’on veut renvoyer et ne pas oublier que l’age est un paramètre qui ne peut être modifié : atténuer les caractères osseux masculins ne veut pas dire retrouver un visage féminin avec 20 ans de moins et fortement stéréotypé. Un visage trop jeune et trop « féminin » par rapport au reste de la physionomie peut s’avérer particulièrement désastreux dans un « passing »… Il faut donc ne pas succomber aux appels du scalpel et trouver un équilibre harmonieux en rapport avec son age et son physique. Il suffit de regarder dans la vie courante les femmes cisgenres pour se rendre compte de cette réalité et de leur diversité de morphologie.
Nous vous conseillons également vivement d’éviter tout ce qui est injection de produit style « botox », non seulement du fait de sa dangerosité, de sa réversibilité mais aussi par son coût onéreux. Certes les tentations sont grandes et les messages sociétaux mettant en avant des stéréotypes physiques n’aident pas vraiment à prendre du recul, mais ces actes "esthétiques" sont nullement adaptés aux personnes transgnres pour une insertion sociale sereine et pérenne !
La chirurgie du torse, essentiellement la mammectomie, est un acte des plus important pour les garçons transgenres. C’est un peu, toute proportion gardée, le pendant de l’épilation pour les filles transgenres. Il est très rare de ne pas y avoir recours car un élément important pour le "passing" et le confort de sa vie quotidienne.
Aussi si pour les personnes FtM, cette chirurgie n’est pas obligatoirement liée à un délais de prise de testostérone, cette hormone n’a pas vraiment la faculté de faire diminuer la taille des seins. Cela à contrario pour les MtF où les œstrogènes sont à l’origine de la pousse des seins. En conséquence, pour les personnes transgenres féminines, il est préférable d’attendre la fin de la modification corporelle dû au traitement hormonal pour effectuer une augmentation mammaire.
NOTA : Il faut savoir que si la mastectomie ou mammectomie est un acte chirurgical qui est effectué une seule fois, la mammoplastie s’effectue plusieurs fois dans sa vie afin de changer les implants en silicone. Et si la première fois, cela peut être pris en charge par la sécurité sociale dans le cadre d’une affection de longue durée, il n’est pas évident que les fois suivantes la prise en charge complète soit reconduite.
Pour rappel, ce type de chirurgie n’est plus un prérequis pour obtenir un changement de la mention de sexe à l’état civil ! Cela permet enfin d’appréhender ce type de modification corporelle avec plus de sérénité et de recul.
NOTA : avoir un néovagin ou un néopénis de fera pas de vous une "vrai femme", un "vrai mec". Et si cela peut permettre d'acheter une tranquillité sociale, ces types de chirurgies ont des conséquences sur votre vie sociale difficiles à imaginer sans être bien informé.e.s.
La chirurgie génitale ne joue pas sur la perception de votre identité de genre par autrui. Si votre « passing » n’est pas optimal avant, il ne sera pas meilleur après !
La question de la fertilité fait partie des question importante à se poser lorsque l’on envisage une telle chirurgie. Nous rappelons ici que les hormones ne rendent pas forcément stériles et que l’on peut conserver une certaine fertilité en vue de pouvoir procréer.
Par contre a chirurgie génitale rend stérile de manière définitive. Aussi vous devez vous poser la question de savoir si vous désirez conserver votre capacité de procréer avec votre propre patrimoine génétique ou pas. Si la réponse est positive, alors il va falloir envisager la conservation de vos gamètes.
Une autre question à se poser est en fait l’usage sexuel de votre appareil génital : est-il utile pour prendre du plaisir et en donner, ou pas, en fonction de votre orientation sexuelle ? Si vous êtes en couple, est-ce que cette opération va perturber son équilibre, de quelle manière ? Cela mérite donc là aussi une discussion avec le ou la partenaire.
Enfin, jusqu’où vos organes sexuels d’origine peuvent nuire à votre insertion sociale, professionnelle, votre bien être corporel ?
Se poser l’ensemble de ces questions, peser le pour et le contre, permet de prendre une décision sereinement vis-à-vis de soi même et de son entourage.
Notre corps nous appartient et il ne tient qu'à nous de faire la différence entre ce que nous impose implicitement la société dans laquelle nous vivons et ce que voulons pour des raisons qui relèvent purement de notre vie privée.
Les chirurgies masculinisantes
L’hystérectomie
L’hystérectomie est une chirurgie qui consiste en l’ablation totale ou partielle de l’utérus. Il existe trois types d’hystérectomie :
- Hystérectomie totale (ou non conservatrice) avec annexectomie
- Hystérectomie totale (ou conservatrice) sans annexectomie
- Hystérectomie sub-totale
(Source ici : http://www.forum-ftm.fr/viewtopic.php?f=20&t=174 )
L’ovariectomie
Cette opération consiste en l’ablation des ovaires. Elle va souvent de pair avec l’hystérectomie, mais ce n’est pas systématique.
La métadoïoplastie (avec ou sans allongement de l’urètre)
(source ici : https://www.grsmontreal.com/fr/chirurgies/femme-a-homme/12-metaiodoplastie.html)
Opération qui donne une apparence phallique aux organes génitaux, grâce à l'allongement du clitoris. Après l’opération, le sexe peut entrer en érection et demeure sensible au touché.
Aucune des deux techniques ne permet la pénétration. Sans allongement de l'urètre : impossibilité d'uriner debout
La phalloplastie
Cette opération consiste en la construction pénienne. Plusieurs techniques peuvent être utilisées et les prises de peau peuvent être antébrachiale, abdominale, dorsale, alt cuisse...
Une démarche malheureusement incertaine !
Aujourd’hui encore, la prise en charge des actes médicaux ne va pas de soi pour le système de santé français lorsque l’on est une personne transgenre. Que l’on se retrouve face à des équipes hospitalières appliquant des protocoles transphobes maltraitants, stérilisants et liberticides, ou lors de démarches effectuées avec des médecins respectueux de votre santé, les demandes de remboursement des frais médicaux passent obligatoirement par une autorisation sur des bases plus ou moins arbitraires de médecins conseils officiant au sein des caisses d’assurance maladie.
Pour information, et au regard des plusieurs retours d’expérience, il ne faut pas croire que le passage par les protocoles des équipes officielles facilitent forcément vos démarches médico-administratives vous garantissant d’une prise en charge des actes demandés.
Dans tous les cas, que vous soyez suivi.e en équipe hospitalière ou via des médecins choisis à priori pour le respect de vos demandes en matière d’actes médicaux, vous devrez rester vigilent.e sur ce que l’on vous propose. Gardez à l’esprit que vous n’avez pas à accepter des actes médicaux ou prescriptions non nécessaires réglementairement sans votre consentement pour être éligible à des remboursements. De plus un droit important doit être garanti par le système de santé, c'est celui du libre choix de vos médecins.
La vérité sur des obligations de suivi psychiatrique ou de passage via des équipes pluridisciplinaires
Beaucoup de mauvaises informations circulent concernant les obligations réglementaires et médicales pour avoir accès à des actes médicaux et/ou leurs remboursements.
La plupart des actes médicaux liés à une démarche de santé spécifique à la transidentité peuvent être menés en dehors de tout protocole hospitaliers psychiatrisant. Seul l'acte de chirurgie de reconstruction génitale est réglementairement régie par un protocole exigeant un suivi psychiatrique de 2 années. (Lien vers le site de la CCAM).
Une prise en charge via l’ALD exonérante
Si l’on souhaite obtenir une prise en charge au titre d’une affection de longue durée (ALD 31 hors liste pour les questions de transidentité), cette demande passe tout d’abord par sa rédaction entre vous et votre médecin traitant. Ce sera ce dernier qui enverra cette demande pour validation par un médecin conseil de la caisse d’assurance maladie.
Important : si vous faites une demande d’ALD, vous pouvez y faire figurer l’ensemble des actes médicaux possibles, même ceux que vous n’envisagez pas sur le moment. Cette liste ne comporte aucune obligation de s’y conformer et ne comporte aucun délais.
Mémo : surtout n’oubliez pas que :
- vous avez le droit de choisir vos médecins
- vous n’êtes pas obligé.e.s de voir un psychiatre pour avoir une ALD
- le seul acte de santé pour lequel un suivi psychiatrique est requis est l’opération génitale (lien : https://www.ameli.fr/accueil-de-la-ccam/index.php).
En cas de refus d’obtention d’une ALD, d’un accord préalable ou d’un accès à un acte de santé, nous pouvons vous conseiller :
- d’envoyer immédiatement une contestation de la décision en demandant des précisions sur le motif du refus car les délais sont courts (1 mois). En ce cas, il s’agit de monter un dossier contestant une décision d'un organisme de la sécurité sociale, par une saisine de la commission de recours amiable pour une décision d'ordre administratif (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/N561).
Attention !
Suite à la simplification de l'organisation judiciaire en matière de sécurité sociale du 24 oct. 2018, L'ordonnance n° 2018-358 du 16 mai 2018 réforme le contentieux social en fusionnant les tribunaux des affaires de la sécurité sociale et les tribunaux du contentieux de l'incapacité au sein d'un pôle social des tribunaux de grande instance (TGI).
Un décret détermine les conditions d'application de ces dispositions à partir du 1er janvier 2019.
- au regard du motif du refus, une saisine du Défenseur des Droits peut être faite après s’être informé.e et avoir pris conseil auprès d’une association.